Forêt de Lahav : Site d’observation des oiseaux à Ein Rimon

Avant de partir, nous vous recommandons d’appeler la ligne d’assistance forestière du KKL-JNF (Kav LaYaar) au 1-800-350-550 ou d’envoyer un e-mail à moked1@kkl.org.il pour toute mise à jour, telle que les fermetures dues à des conditions météorologiques extrêmes et toute information pouvant être pertinente pour le déroulement de votre excursion.

Le site d’observation d’oiseaux du KKL-JNF à Ein Rimon

Dans les années 1980, le KKL-JNF a planté des arbres fruitiers indigènes et des pistachiers de l’Atlas pour diversifier les forêts de conifères. L’une de ces plantations se trouve au sud de la forêt, légèrement au nord de la route 6, dans la partie supérieure du lit de la rivière Gerar, qui commence à cet endroit son voyage vers les plaines du Néguev occidental.

Un petit oiseau m’a dit que ce bosquet de pistachiers à l’aspect trompeusement ordinaire, planté pour diversifier la forêt, est devenu un repère pour les petits oiseaux chanteurs qui traversent la région lors de leur migration automnale vers l’Afrique. La forêt de Lahav est plus ou moins le dernier arrêt avant le début du désert. En automne, les pistachiers de l’Atlas produisent de grandes quantités de fruits particulièrement riches en huile, et de nombreux oiseaux s’y arrêtent pour une halte avant de poursuivre leur voyage épuisant.

Pendant la saison de migration, la forêt de Lahav sert également de perchoir nocturne pour les rapaces. Vers huit heures du matin, l’air se réchauffant, ces gros oiseaux utilisent les courants d’air chaud ascendants pour s’envoler vers les hauteurs.

Pour ces deux raisons, la branche ornithologique du KKL-JNF s’est implantée dans cette région et l’a transformée en un site qui fait désormais partie du réseau d’observation des oiseaux que l’organisation déploie à travers le pays. Il y a ici une petite salle de classe avec juste cinq tables en métal et un banc destinée à accueillir les groupes qui viennent observer les oiseaux et s’informer sur les recherches en cours sur le site. Le KKL-JNF a également installé un panneau explicatif qui d’un côté décrit la fonction de la station de recherche et de l’autre montre les photographies de plusieurs espèces d’oiseaux fréquemment observées dans la région pendant la saison de migration d’automne, comme le traquet oreillard (Œnanthe hispanica), la petite fauvette babillarde (Sylvia curruca), la paruline orphée occidentale (Sylvia hortensis) et le rougequeue à fond blanc (Phoenicurus phoenicurus).

Le bosquet de pistachiers de l’Atlas

La surveillance de Ein Rimon depuis des années montre que ce bosquet de pistachiers de l’Atlas est devenu l’un des points d’escale les plus importants pour la migration des oiseaux d’automne en Israël, et des dizaines d’espèces de petits oiseaux chanteurs le visitent à l’approche de l’hiver. Pendant l’automne, les traquets à oreilles noires, qui se rassemblent sur ce site plus densément que partout ailleurs en Israël et peut-être dans le monde entier prédominent. D’autres variétés telles que le pinson des arbres (Fringilla coelebs) et le rougequeue noir (Phoenicurus ochruros) y passent tout l’hiver. Parmi ceux qui nichent dans le bosquet en été, on trouve la pie-grièche à tête rousse (Lanius Senator), le merle noir (Turdus merula) et divers types de verdiers (Carduelis chloris). Et dans leur sillage, les passionnés d’ornithologie et les chercheurs désireux de comprendre le phénomène se sont également rués sur le site.

Un jour de décembre, nous avons rencontré ici le docteur Eyal Shohat, un ornithologue actif depuis 1978, directeur du Centre d’ornithologie et d’écologie « huppe fasciée » de Yeruham et chercheur à l’Université Ben Gourion du Néguev. Il était accompagné d’Adi Domer, une doctorante qui s’occupe de la nutrition des oiseaux pendant la migration. Au cours de sa maîtrise sous la direction du docteur Shohat, elle a étudié l’effet des fruits du pistachier de l’Atlas sur la prise de poids des oiseaux qui font escale dans la forêt d’Ein Rimon pendant leur migration d’automne. Notre conversation avec elle a été très instructive.

Le fruit du pistachier de l’Atlas, qui contient environ 53 % d’huile et mûrit exactement pendant la saison de migration attire les oiseaux chanteurs sur le site. Ils y restent jusqu’à deux semaines, ce qui est considéré comme relativement long, et pendant leur escale, ils emmagasinent des graisses qui leur fournissent l’énergie nécessaire pour continuer leur voyage. Cependant, bien que les fruits qu’ils mangent soient riches en huile, ils contiennent peu de sucre et, en automne, la région est sèche et n’offre aucune source d’eau naturelle.

Alors, combien de poids as-tu pris ?

Des recherches menées à Ein Rimon il y a une dizaine d’années ont révélé que l’ajout d’eau aux bassins d’abreuvement pendant l’automne augmentait considérablement la densité de population de la fauvette à tête noire (Sylvia atricapilla), un petit oiseau chanteur qui niche dans toute l’Europe et hiverne en Afrique. Il a également été constaté que de l’eau supplémentaire augmentait la vitesse à laquelle les membres individuels de l’espèce prenaient du poids.

À l’automne 2014 et 2015, l’expérience a été élargie avec le soutien financier du directeur du service scientifique du KKL-JNF, et la prise de poids des oiseaux chanteurs a été enregistré sur trois sites du Néguev, Ein Rimon, Sde Boker et le parc de Yeruham. Sde Boker possède un petit bosquet de pistachiers de l’Atlas, tandis que le parc Yeruham, qui n’a pas d’arbres de ce type, bénéficie d’un approvisionnement en eau abondant. Au cours de l’expérience, les chercheurs ont capturé des oiseaux, les ont bagués, pesés et ils ont estimé la quantité de graisse visible dans le creux de la poitrine et le bas du ventre. Certains oiseaux ont été capturés deux fois ou plus pendant leur séjour sur le site.

Des bassins d’eau constitués de trous peu profonds dans le sol d’environ 80 centimètres de diamètre ont été construits sur les sites de recherche. Le fond de chaque trou était tapissé d’une bâche imperméable et les bassins étaient recouverts de pierres disponibles sur le site pour qu’ils se fondent dans leur environnement.

Cette expérience a montré que l’ajout d’eau sur le site d’Ein Rimon permettait aux oiseaux de prendre du poids plus rapidement, et que lorsqu’on ajoutait de l’eau sucrée, ils grossissaient encore plus. À Yeruham et Sde Boker, cependant, aucun changement dans le poids n’a été noté. Dans le cas du parc de Yeruham, l’explication semble être la présence continuelle d’eau disponible et de nourriture abondante, qui rendait marginaux les effets de tout supplément de nourriture et d’eau. Les résultats de Sde Boker restent cependant une énigme : les oiseaux migrateurs n’ont pas pris de poids et ils ont quitté le site après seulement un bref séjour. Fort des résultats de cette expérience, le personnel des sites d’observation d’oiseaux du KKL-JNF a ajouté des arbres fruitiers et des sources d’eau à tous les sites pour les adapter aux besoins des oiseaux migrateurs.

Le puits Ein Rimon

À une cinquantaine de mètres à l’est de la zone d’instruction du site, au bord de la route, se trouve un puits qui semble avoir été construit sur des fondations anciennes. Pendant le mandat britannique, du béton a été coulé autour de la margelle du puits, qui est aujourd’hui recouverte d’une grille. Il s’agit du puits Ein Rimon, qui tire son nom des ruines de Hurvat Rimon à environ deux kilomètres à l’est. Le nom arabe du site est Ein Kuhleh (« la source du khôl »). Le khôl, dérivé du sulfure de plomb, est utilisé dans de nombreuses régions du monde pour maquiller et protéger les yeux. Cependant, nous n’avons pas de témoignage d’extraction de galène, la forme naturelle de sulfure de plomb, dans la région, le KKL-JNF serait très heureux que les lecteurs qui peuvent éclairer l’origine du nom arabe de ce puits se manifestent.

Le bosquet d’Ein Rimon a souffert de la sécheresse ces dernières années et une partie a été abattue pour faire place à la construction de l’autoroute 6. Afin de restaurer le site, le garde forestier du site Moshe Mordéchaï a commencé à arroser certains des arbres en été et prévoit pour l’année à venir notamment la plantation d’arbustes et d’arbres autour du puits pour améliorer le bilan énergétique des oiseaux chanteurs migrateurs. Des arroches ont été plantés à côté du puits il y a des années pour produire des graines qui attirent les moineaux espagnols (Passer hispaniolensis).

À la demande d’Eyal Shohat, le KKL-JFN plantera autour du puits des arbres fruitiers qui attireront de nombreux insectes qui serviront de source de nourriture aux oiseaux. De plus, notamment les figuiers attirent les fauvettes de toutes sortes à la fin du printemps et au début de l’automne, et les buissons de thymelaea, caractéristiques de cette région, produisent des fruits particulièrement attrayants pour les verdiers. Pour fournir de la nourriture pour la migration printanière, des arbres dont les fruits mûrissent au printemps seront plantés à côté des pistachiers qui ne produisent pas encore de fruits à cette période. La plantation de différentes variétés d’eucalyptus est également importante, car on peut s’attendre à ce que leurs fleurs, visibles de loin, attirent des oiseaux amateurs de nectar à des distances considérables.

Conseils pour observer les oiseaux à Ein Rimon

Rapaces : La bondrée apivore (Pernis apivorus), l’épervier à pieds courts (Accipiter brevipes), l’aigle pomarin (Aquila pomarina) et de nombreuses autres espèces passent la nuit dans la forêt de Lahav de fin août à mi-octobre. Pour les observer, nous vous conseillons d’arriver sur le site avant 8 h et de regarder vers le nord : les groupes de rapaces volent bas au-dessus d’Ein Rimon, et en pleine saison ils continuent leur parade aérienne jusque vers 9 h.

Oiseaux chanteurs : Avancez jusqu’au niveau du ravin juste au-dessus des pistachiers, asseyez-vous tranquillement et observez les oiseaux dans le bosquet. S’il y a de l’eau dans les bassins, les oiseaux peuvent être observés à une distance qui ne gêne pas leurs activités. Dans tous les cas, il est important de s’équiper d’une bonne paire de jumelles.

Les riverains d’Ein Rimon

Le personnel du KKL-JNF souhaite vivement impliquer les localités voisines dans diverses activités sur le site, pour aider à sa protection et à sa surveillance.

Remerciements

Texte : Yaakov Skolnik
Photographie : Yaakov Skolnik et Talila Livschitz, directrice pour les localités et les forêts du nord du Néguev du KKL-JNF
Publié le 11 janvier 2017.
Lire l’article original en hébreu sur eYarok